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Homélie du Vendredi Saint 2023

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HOMELIE DU VENDREDI SAINT 2023

PAROISSE NOTRE DAME DE BONNE NOUVELLE – DIOCESE DE PARIS

La croix du Christ, mes frères,  est la réalité la plus belle et plus douce qu’on puisse imaginer, pour nous : c’est là qu’il nous a donné le pardon ! Quand j’étais séminariste, un prêtre me disait : c’est déjà la passion du Christ qui nous sauve. Et, en effet, la III prière eucharistique le dit : « par sa passion qui nous sauve ». Parce que, là, il a accepté de mourir sans réagir au mal !

La résurrection est la démonstration que tous nos péchés sont pardonnés, mais c’est sa passion qui nous sauve, parce que, là, il nous donne le pardon.

Mais notre croix, mes frères, notre croix est une réalité que tous les hommes, spontanément, on refuse, à cause du péché originel. Il n’y a rien de poétique dans la croix. Dès que la croix arrive, il y a quelqu’un qui, tout de suite, nous dit : Dieu ne t’aime pas, s’il te fait souffrir de cette manière !

Après, on passe à une deuxième phase : je vais accepter la croix par mes forces. Et, on se donne l’illusion d’accepter la croix, d’aimer son ennemi, à la maison ou au dehors, mais, en effet, tout ce qu’on arrive à faire, c’est de faire des efforts pour cacher sa colère, mais la rancune commence à couver, contre les hommes et contre Dieu, et notre vie devient impossible.

Alors, on se dit : on m’a trompé ! On m’avait dit qu’accepter la croix, c’est le bonheur, mais moi, je n’y arrive pas ! Et on s’en va !

Comment s’en sortir, alors ?

Laissons, frères, que la croix, notre croix, nous montre notre faiblesse, comme elle a montré la faiblesse de Pierre. Notre faiblesse, c’est-à-dire notre péché, en ce cas. Oui, parce que le péché est notre manière de fuir de la croix. Même : il est LA MANIERE de fuir la croix !

Notre croix, je disais, nous montre notre faiblesse, comme elle a montré la faiblesse de Pierre. Une première fois, lorsque, après la première annonce de la Passion, il voulait empêcher Jésus d’aller vers la croix. Quel désastre aurait-il fait si Jésus l’avait écouté ! Il nous aurait privé du pardon ! Et quel combat, la volonté humaine de Jésus a dû soutenir, combien a-t-il dû combattre son affectivité, pour aller vers la croix, qui était la porte de la vie éternelle pour l’homme Christ Jésus !

Et, nous, comment ne pas se reconnaitre en cet homme qui veut éviter la croix à son ami Jésus ? C’est une de nos tentations les plus grandes, d’éviter la croix à nos enfants ! On a souffert, on a cru, à tort, que notre souffrance nous avait rendus malheureux (alors que c’est le péché par lequel on fuit la souffrance, qui nous rend malheureux, en vérité), et on fait de tout pour l’éviter à nos enfants. Attention, nous avons une grosse responsabilité vis-à-vis d’eux.

Je ne parle pas de leur faire des moralismes (comme dire : si tu n’es pas bon, Dieu te punira [ce qui est une manière de se défendre]), ni de leur donner tout le temps des lois qui les accablent, mais de les aider à entrer debout dans la vie.

Mais la deuxième fois où la croix a montré la faiblesse de Pierre, cela a eu lieu dans la cour du Grand-Prêtre, quand Pierre a voulu suivre Jésus – en pensant de faire le héros, probablement – et, dès qu’il commence à être démasqué,  il découvre qu’il n’aime pas vraiment Jésus, au contraire : il découvre que, pour se sauver la vie, il peut le laisser aller vers la mort.

Heureusement ! Finalement Pierre a découvert qui était en réalité ! Et il a pu se rendre compte que Jésus n’a jamais exigé de lui qu’il soit différent. Comme il le lui a manifesté après la résurrection.

Il a découvert son vieil homme ! Mais, alors, si notre homme doit mourir, l’homme pécheur, comment se fait-il que Jésus nous aime tels que nous sommes, qu’il nous accepte pécheurs ?

Eh bien, c’est exactement cela qui peut nous délivrer du vieil homme : l’histoire de Pierre nous éclaire. On l’a vu, Pierre a découvert son vieil homme dans la court du Grand-Prêtre, lorsqu’il a renié Jésus trois fois. Ce péché, après, l’a accablé ! Et il a vécu comme ça jusqu’au moment où il a vu Jésus-Christ ressuscité. Là, il a probablement oublié ce qui s’était passé… comme nous faisons aussi, en refoulant les choses qui nous font honte, en premier lieu nos péchés. Mais, à la troisième rencontre de Jésus ressuscité avec ses disciples, le Christ lui demande, une première fois, s’il l’aime plus que les autres disciples… après, la deuxième fois, si, au moins, il l’aime… et, la troisième fois, s’il a, au moins, de l’affection pour lui. Et, les trois fois, le pauvre Pierre ne peut répondre rien d’autre que ça: j’ai de l’affection pour toi. Que de l’affection. Ce dialogue de Jésus avec lui, un véritable scrutin baptismal, l’a obligé à se souvenir du fait qu’il avait dit que, même si tout le monde aurait abandonné le Christ, lui, il ne l’aurait pas abandonné, et l’a obligé aussi à revenir à ses trois reniements et à comprendre qu’il ne l’aimait pas vraiment, mais que, en effet, il n’avait que de l’affection pour lui. Mais, au grand étonnement de Pierre et de nous tous, à chaque fois que Pierre admet son manque d’amour vis-à-vis de Lui, Jésus lui demande de s’occuper de son troupeau.

Et, à la fin, il lui prédit sa mort sur la croix. Il est donc devenu un homme nouveau capable d’accepter la croix, d’affronter le martyre.  Qu’est-ce qui a changé la nature de Pierre, en la transformant de nature purement humaine en nature divine, tout en restant humaine ? La conscience d’être aimé par le Christ tel qu’il était, d’être pardonné.

Parce que le péché on ne peut le voir que si on se sait pardonné : il a vu son vieil homme, et il a pu recevoir l’amour du Christ. Il a cru à l’amour du Christ, et il a pu voir encore plus son vieil homme. Ce vieil homme a disparu, cet homme qui avait continuellement besoin d’exiger, de prétendre l’amour des autres.

Et pourquoi est-il mort le vieil homme de Pierre ? Exactement parce que Pierre,  maintenant qu’il avait l’amour du Christ, n’avait plus besoin de prétendre l’amour des autres, ce qui était la cause de toutes nos idolâtries et de tous nos péchés. Il n’avait même pas besoin que les autres ne lui soient hostiles, ennemis, parce qu’il était sûr de l’amour de Jésus.

Mais, comment, avant Jésus ne donnait pas tout son amour à Pierre ? Oui, bien sûr qu’il le lui donnait. Mais c’était Pierre qui n’était pas capable de le recevoir. Comment ? Pierre n’avait pas été capable de recevoir l’amour du Christ, pendant son ministère publique ? Oui, il était capable de recevoir son affection, son amitié, même sa bienveillance, mais il n’était pas encore capable de recevoir son pardon, parce que, encore, il ne connaissait pas son cœur, il ne connaissait pas son péché. Ni le mal qu’il aurait été capable de faire. La croix du Christ le lui a révélé.

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Dernière mise à jour : 10 avril  2023

Première publication : 10 avril 2023