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Homélie du Jeudi Saint 2023

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HOMELIE DU JEUDI SAINT 2023

PAROISSE NOTRE DAME DE BONNE NOUVELLE – DIOCESE DE PARIS

Souvent, en parlant du jeudi saint et de l’évangile d’aujourd’hui, on fait référence au service. Et donc au service que nous sommes appelés à accomplir : comme le Christ a servi, nous aussi sommes appelés à servir. Mais le service que fait le Christ, le lavement des pieds, impliquait sa mort sur la croix. Beaucoup de signes du texte évangélique l’attestent : la mention de l’heure, le fait qu’il s’abaisse pour laver les pieds, qu’il se dépouille de ses vêtements… tous signes de la mort qu’il va vivre… De même à nous, ce n’est pas une partie de notre temps, de nos énergies qui nous est demandée, il nous est demandé de passer par la croix, de passer par la mort. Dans n’importe quel service d’Eglise. C’est pourquoi : demandons-nous si nous passons par la croix dans nos services, c’est-à-dire par notre mort…

Il y a un signe qui montre si nous sommes passés par la mort lorsque nous rendons un service, et ce signe, c’est la douceur… Mais, comment avoir la douceur… ? La douceur, on ne peut pas l’exiger (normalement, la douceur l’exige des autres celui qui ne l’a pas), parce que la douceur est une béatitude (heureux les doux), et, comme toutes les béatitudes, elle est une conséquence de la première béatitude, c’est-à-dire de la pauvreté d’esprit. Et donc de la connaissance de son péché, parce que le pauvre d’esprit est celui qui a connu son péché grâce à la douceur du Christ, qui ne l’accuse pas.

C’est donc la douceur qui engendre la douceur. Et Jésus, ici, il est d’une grande douceur, avec tous ses apôtres. Il ne fait pas un service quelconque, mais il donne sa vie pour eux. En effet, cet épisode est lié à un autre passage, la guérison de l’aveugle-né, dans lequel, comme ici, on répète plusieurs fois le mot « laver » (mot utilisé, dans l’évangile de Jean, que pour ces deux épisodes) : ici, Jésus lave les pieds des disciples, réunis en Assemblée, en Eglise… là, l’aveugle s’était lavé les yeux dans la piscine de Siloé, c’est-à-dire au-dessous du Temple, fréquenté par l’Assemblée d’Israël, mais aussi par Jésus et ses disciples. Donc, symboliquement, il a lavé ses yeux dans la première Assemblée chrétienne, dans la première Eglise. Et, grâce à ça, il commence à voir clair en sa vie, et il voit ses péchés. Ces péchés que Jésus venait de lui montrer, de manière allégorique, avec la boue qu’il avait déposée sur ses yeux. Parce que la boue était faite par le mélange de la salive de Jésus (qui représente la Parole de Dieu) et de la terre (qui représente la réalité dont l’homme est fait, et donc aussi ses péchés) : la Parole de Dieu, qui véhicule en nous en même temps la Vérité et l’Amour, nous permet de voir nos péchés, quand elle est écoutée en Eglise, avec des frères concrets.

Ça, c’était passé six mois avant. Mais, maintenant, un pas de plus est franchi. Là, c’est le Christ lui-même qui lave les pieds sales des apôtres, en montrant, par les signes dont je parlais auparavant, qu’il aurait donné sa vie pour eux. Et qu’il l’aurait donné avec un seul but : le pardon des péchés ! Donc, non seulement la connaissance de son péché, comme dans le cas de l’aveugle-né, mais le pardon. Mais, il y a un obstacle : l’accepter, ce pardon ! Et pour l’accepter il faut croire d’en avoir besoin. Mais, spontanément, nous pensons que c’est notre ennemi qui en aurait besoin, et pas nous.

On comprend donc que, si on n’accepte pas le pardon, cette Parole de Jésus : « Si donc j’ai lavé vos pieds, moi le Seigneur et le Maitre, vous aussi, devez vous laver les pieds les uns les autres… », n’a pas de sens. J’ai cité la traduction habituelle:« vous devez ». Mais « vous devez » signifie « vous avez une dette ». Et la dette, c’est le pardon des péchés. Si nous l’avons reçu et surtout accepté, alors on pourra le redonner aux autres, et c’est ça la douceur. Etre doux, ça implique de mourir, parfois d’aller contre sa propre raison, et on peut le faire seulement si on a accepté le pardon des péchés.

C’est une lutte jusqu’au sang, frères, dans laquelle on peut réagir comme Pierre, qui ne veut pas que Jésus lui lave les pieds, parce que, encore, à ce moment de l’histoire, pense de ne pas en avoir besoin, il pense d’être bon, d’être juste, il pense d’aimer Jésus jusqu’au bout. On peut réagir comme Judas, qui poursuit ses projet de justice, sans savoir que c’est lui l’injuste. Et, à la fin, il s’en va : c’est le risque, aussi, que nous courons, tous. Quand Jésus l’a mis dos au mur, en l’illuminant avec cette petite phrase : « ce que tu fais, fais-le vite » (Jn 13,27), il avait deux choix : voir qu’il s’était trompé, et demander pardon. Et, l’autre, poursuivre une cohérence qui n’en est pas une. Aller jusqu’au bout, ne pas revenir en arrière. Ce qui correspond à ne pas croire au pardon de Jésus. Et il s’en va…

S’il vous plait, ne faites pas une idole de la cohérence ! Je ne dis pas de ne pas être cohérent ! C’est qu’on ne l’est jamais complètement ! Lui, le Christ, il est l’unique à avoir été complètement cohérent ! Nous, les chrétiens, nous sommes ceux qui peuvent plus facilement tomber en ce piège, parce que tous nous pointent du doigt. Nous, nous pouvons avoir des moments de cohérence, et des moments d’incohérence, et nos moments d’incohérence s’appellent péchés. Ne partons pas d’ici à cause du fait que nous ne sommes pas cohérents : parce que c’est ici, que nous serons soignés !

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Dernière mise à jour : 10 avril  2023

Première publication : 10 avril 2023